Le renvoi de Pierre Gauthier par le Canadien n'est pas une surprise pour personne. Celui de Bob Gainey est toutefois surprenant.

Selon moi, le départ de Gainey est la décision la plus importante prise par Geoff Molson dans ce ménage. Dans le cas de Gauthier, tout le monde connaissait le sort qui l'attendait et ce, même ceux qui ne suivent pas le hockey. La seule chose qu'on ignorait était le moment où l'équipe procèderait.

Le message des Moslon est clair : on fait maison nette et on recommence à neuf. Le patron veut de nouvelles idées et du sang neuf pour rapprocher les partisans du Canadien. Durant sa conférence de presse, Molson a déclaré qu'il voulait une meilleure communication, ce qui constituait une faiblesse pour Gauthier et également durant le règne de Gainey.

Il reste à voir les vrais changements qui vont survenir avec l'arrivée de Serge Savard dans le décor. Un nouveau conseiller va apporter de nouvelles idées, même si Savard n'est plus aussi près du hockey qu'à l'époque. Comme conseiller d'affaires et comme conseiller hockey, il demeure une bonne tête.

Savard a été clair sur son mandat. Il a dit qu'il n'était là que pour agir comme conseiller dans la nomination d'un prochain directeur général, qui va déterminer la nouvelle philosophie au plan hockey. Quand le Canadien a fait l'acquisition de Rene Bourque pour Mike Cammalleri, on a senti un changement dans la philosophie de l'équipe. Gauthier parlait alors d'ajouter des joueurs plus gros et plus robustes à la formation. Je ne suis pas convaincu que ce changement de cap faisait l'affaire de Gauthier. On ne préconise pas un style de jeu orienté sur la possession de rondelle pour dévier du jour au lendemain vers un style robuste. Je pense que ce changement de style a été imposé à Gauthier, qui ne devait pas avoir que de belles relations avec les membres de la famille Molson.

Molson a été intelligent en allant chercher la faveur du public en s'associant à Serge Savard, un homme respecté par la population. Savard est en poste parce que le Canadien veut réaliser un coup d'éclat en allant chercher Patrick Roy à Québec. Savard l'a dit le 18 décembre dernier sur les ondes d'une radio montréalaise que s'il était le directeur général du Canadien, son choix serait Roy pour piloter son club, et ce, sans aucune hésitation.

Le Canadien doit aussi arracher Roy à la Ville de Québec avant qu'une équipe de la LNH y déménage. Qui est le mieux placé pour convaincre Roy de faire le saut derrière le banc à Montréal? Son ancien directeur général à Montréal Serge Savard et son ancien coéquipier, Vincent Damphousse.

Damphousse est un choix logique comme dg et Roy est un choix évident pour remplacer Randy Cunneyworth. D'abord il faut le voler à Québec pour rallier tout le monde derrière le Canadien. Il est vrai que Damphousse n'a pas d'expérience comme directeur général, mais il connaît un peu l'art des négociations, ayant été impliqué au sein de l'Association des joueurs. Je pense aussi qu'il a suffisamment de contacts dans la ligue pour bien paraître.

Selon moi, c'est un bon adjoint que l'on va chercher chez le Canadien, car celui qui va occuper le fauteuil de directeur général doit être capable de bien communiquer avec les médias en plus d'être calme. Le directeur général doit aussi être capable de s'entourer de personnes fortes, qui seront en mesure de bien conseiller le patron.

Un directeur général moderne dans la LNH doit être un bon homme d'affaires et connaître la ligue sur le bout de ses doigts. On donne beaucoup de crédit à Ken Holland à Detroit, mais il a su s'entourer de personnalités fortes. Il faut donc à Montréal, des gens qui vont conseiller le nouveau patron afin que ses décisions soient les bonnes. Ce n'est pas qu'un homme qui va changer la situation à Montréal, ce sera une équipe de direction.

Avec un duo Damphousse/Roy, le Canadien retrouverait une certaine respectabilité sur la glace d'ici quatre ans. Dès l'an prochain, cette équipe peut faire beaucoup mieux parce qu'elle a de bons éléments sur la glace. Ce qui manque, c'est une bonne ligne de centre. À mon avis, le Canadien est à trois joueurs près d'être compétitif. Dans le but, on peut comparer Carey Price avec n'importe qui dans la ligue. À la défense, si Andrei Markov est en santé, il faudrait ajouter deux arrières, dont un droitier robuste, qui peut jouer contre les meilleures lignes adverses. Des gars comme Matt Greene à Los Angeles, Braydon Coburn ou Nicklas Grossmann à Philadelphie. Ce sont des gars solides, qui n'ont pas de mal à jouer contre les gros centres.

Il faut aussi un centre numéro un. David Desharnais est une excellente option, mais dans une bonne équipe, il serait un numéro deux. Physiquement, le premier centre doit être en mesure de jouer dans les deux sens de la patinoire. C'est une carence dans l'équipe et si on m'offrait un tel joueur de centre contre le premier choix au repêchage, j'y penserais sérieusement.

*Propos recueillis par Robert Latendresse