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Un retour attendu en France

Discutant généreusement, tout en s’amusant avec son chien Jésus («c’était le nom qu’il avait déjà quand je l’ai adopté, il est né un 25 décembre»), Ginette­­ Reno s’emballe lorsqu’elle parle de son éventuel retour en France. Au moment d’écrire ces lignes, son voyage outre-mer était prévu pour novembre ou peut-être début 2016.

Artiste touche-à-tout, Ginette Reno ira visiter les plateaux de télévision pour y présenter Le livre de la lumière, une œuvre d’Alexandra Solnado qu’elle a traduite. «Je croyais me rendre là-bas pour ne parler que du livre, mentionne-t-elle. Mais on m’a dit que ce serait bien si j’avais aussi un nouvel album à présenter.»

C’est ainsi que pour marquer ce retour en France, Ginette Reno finalise présentement un album de grands succès spécialement conçu pour le marché européen. «Il y a des chansons qui ont très bien fonctionné là-bas, comme J’ai besoin de parler, et pas du tout ici. Les Français n’écoutent pas la musique de la même façon», indique-t-elle.

Dans le lot, en plus de ses succès comme L’essentiel, Un peu plus haut et Fais-moi la tendresse, elle inclura quelques pièces inédites. Parmi celles-ci, elle espère­­ pouvoir proposer le duo, On en est là, enregistré il y a deux ans avec Lynda Lemay. «C’est une magnifique chanson, dit Mme Reno. Mégo a fait les arrangements. Je l’écoute et j’en ai des frissons. Des chansons comme ça, on n’en a pas beaucoup, dans une vie.»

Cette visite en France sera la première depuis 2009 pour Ginette Reno. Cette année-là, elle avait participé à la tournée des idoles, Âge tendre et têtes de bois, avec notamment Richard Anthony, Claude Barzotti et Catherine Lara. Dans le passé, elle a aussi joué à l’Olympia de Paris en 1967 et 1983.

Pour l’instant, il n’est pas prévu que Ginette Reno fasse de nouveaux concerts en France, pendant sa tournée de promotion. «Mais c’est sûr que si on me le propose, je vais y réfléchir, affirme-t-elle. Il faudrait que ce soit dans des conditions différentes... Si je le refais, ça va être plus doux.»

La chanteuse garde un souvenir pour le moins pénible de l’un de ses passages à l’Olympia de Paris, alors que son cœur s’était littéralement arrêté de battre en plein concert. «J’ai failli mourir sur scène. Je me suis dit que je ne voulais plus jamais revivre ça dans ma vie.»

Le livre de la lumière, traduit et préfacé par Ginette Reno, paraîtra le 21 octobre, aux Éditions Michel Lafon.

Bien qu’elle fête ses 70 ans en avril prochain et que sa carrière s’étende sur plus de cinq décennies, Ginette Reno affirme chanter encore «comme si c’était la première fois», à chacun de ses concerts. «Quand je le fais, tout mon être tremble. Je suis dans mon créneau, je fais ce que j’aime.»

Pour Ginette Reno, le mot «retraite» n’existe pas. Mais après avoir fait une tournée d’environ 80 spectacles, ces derniers mois, la chanteuse prévoit ralentir le rythme pour les prochaines années. «Je vais commencer à me restreindre et faire de moins en moins de concerts, dit-elle. Je suis à l’aube de mes 70 ans. Je vais y aller plus doux.»

Ainsi, dans son calendrier de spectacles pour les prochaines semaines, on ne retrouve que quatre représentations au Capitole de Québec, en décembre, et le spectacle de Skatemania, dans quelques jours.

Photo d'archives

Après 56 ans de métier, Ginette Reno ne trouve pas les concerts exigeants ni éprouvants, mais elle reconnaît qu’elle doit s’entraîner davantage pour garder la forme. «Il faut que je marche un peu. Je fais de l’aquagym, du taï-chi, des étirements. Je ne veux pas refaire une autre crise cardiaque.»

En février 2014, Le Journal annonçait que la grande dame avait subi un malaise cardiaque, alors qu’elle se trouvait en Floride. Voit-elle la vie différemment depuis ce malheureux événement?

«Oui, ça fait réfléchir, dit-elle. J’ai des prises de conscience énormes. Je suis en train de faire une fiducie et mon testament. Je finis mes affaires pour que tout soit en ordre. Je me suis dit que j’allais donner mon argent à mes enfants avant de mourir. Je veux voir ce qu’ils vont faire avec! (rires)»

Même si sa santé est bonne présentement, Ginette Reno remarque que sa voix commence à lui jouer des tours. «J’en ai pour trois ou quatre ans et c’est fini, après. Je vais continuer de chanter, comme Gilbert Bécaud. Je vais couper ici et là et ne pas tenir les notes aussi longtemps. Mais ça m’écœure au plus grand point. Quand tu n’es plus sous la garantie et que les pièces, tu ne les trouves plus...»

Ginette Reno est désolée de voir sa voix la quitter tranquillement, car elle affirme avoir toujours le feu sacré, même après cinq décennies de carrière. «Chaque fois que je chante, c’est comme si c’était la première fois. Je me suis souvent demandé pourquoi, mais j’ai fini­­ par l’accepter. Je suis encore excitée, j’ai tout l’émerveillement, comme le feu sacré. Quand tu as ça, c’est une responsabilité énorme. C’est un poids, en même temps. C’est lourd à porter.»

En avril prochain, Ginette Reno célébrera son 70e anniversaire. Pour l’occasion, elle songe à marquer le coup en organisant­­ une grande croisière. «Je suis en train de parler de ça avec mon équipe. Je trouve que ce serait une bonne idée de faire une croisière avec un paquet de monde. Je ferais un gros show et il pourrait y avoir une belle émission de télévision qui serait tournée. J’inviterais aussi les gens du public. Ce serait: Venez fêter avec Ginette

«En 2012, avec l’annonce de la fin du monde, je voulais faire un gros party au Stade olympique, le 21 décembre. Je voulais appeler ça: Venez mourir avec Ginette! On avait eu des rencontres, mais ça n’avait pas fonctionné.»

Quel cadeau souhaiterait-elle recevoir pour son anniversaire? «J’aimerais ça faire l’amour! Mais pour ça, il faut que je sois en amour», dit celle qui n’a pas de conjoint depuis 2009.

En parlant santé avec Ginette Reno, on ne peut s’empêcher de lui demander comment elle se sent face à l’état de René Angélil, qui combat un grave cancer. En 1979, il s’était occupé, pendant un temps, de la carrière de la chanteuse, avant que celle-ci ne le remercie.

«René est un homme qui a le feu sacré, dit-elle. J’ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec lui. C’est aussi un être très mystérieux, très secret, quelque part. Je crois qu’il n’a qu’un ami à qui il se confie complètement. C’est un être qui avait un sens de l’humour incomparable. Il était fou comme de la marde!»

«C’est un gars qui a toujours été très visionnaire, avant-gardiste, contemporain. Il a fait ce qu’il avait à faire. Il a six enfants. C’est un être d’une générosité incommensurable. N’oublions pas que c’est un Syrien! C’est vraiment un être exceptionnel.»

«Ce que je trouve dommage, c’est que ce qu’il aime le plus au monde, c’est parler, écouter, manger. En ce moment, il ne peut pas parler, parce qu’il lui manque un bout de langue, il est nourri par un tube et il a de la misère à entendre. Imaginez tous ces plaisirs qu’il a perdus. Je trouve ça plate. Souvent, j’ai une prière pour lui. Je n’aurais pas souhaité ça pour lui. J’aurais souhaité qu’un jour, il ait sa femme dans ses bras et qu’il parte durant la nuit. Mais il paraît qu’il n’est pas malheureux. J’ai posé la question à des gens près de lui.»

«Dans une entrevue, quand on lui avait demandé pourquoi je n’avais pas fait une carrière comme Céline, René avait répondu que je n’avais pas les reins assez­­ solides. J’y ai réfléchi et il n’a pas tort. Je n’avais pas les reins assez solides­­. [...] Je ne suis pas inquiète pour Céline. Elle va être bien. Elle a trois beaux enfants. Je suis sûre qu’ils la comblent énormément. Elle voulait devenir la plus grande chanteuse au monde et elle l’est devenue.»

Les amateurs de Ginette Reno qui souhaitent la voir en spectacle cet automne devront se rendre à Québec. Le 17 octobre prochain, elle participera au spectacle Skatemania, organisé par Alain Goldberg, au Centre Vidéotron. Jean-François Breau, Marie-Ève Janvier et David Thibault seront également de la partie. Le spectacle sera diffusé à TVA dans les mois suivants.

Et dans le temps des fêtes, les 15-16-22-23 décembre, Ginette Reno sera de retour au Capitole de Québec dans son spectacle Ginette Reno Ho Ho Ho. Pour l’occasion, elle sera entourée de 11 musiciens et deux choristes. «Je vais faire plusieurs classiques de Noël, en plus de mes propres chansons, dit-elle. Au départ, je ne voulais pas aller au Capitole, car je me sentais mieux au Grand Théâtre. Mais j’ai aimé cette salle-là. Elle­­ est le fun à faire. Elle est remplie de chaleur.»

Quels souvenirs garde-t-elle de son passage dans cette salle, l’an dernier? «De beaux souvenirs, mais j’ai quand même dû annuler trois concerts, ce qui n’était pas agréable. Un soir, je suis montée sur scène. Je suis venue pour chanter et la voix ne sortait pas. J’ai trouvé ça difficile parce que dans ma carrière, que j’ai commencée en septembre 1959, j’ai peut-être annulé six spectacles.»