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Mettre sa famille en scène sur Instagram, la manne des mamans

Instamamans
Instamamans / Mise au point / 13 min. / le 8 octobre 2017
Des mères de famille racontent quotidiennement la vie esthétisée de leurs bambins sur le réseau de partage de photos Instagram. Grâce à la publicité, les comptes les plus influents de ces "instamamans" peuvent rapporter gros.

Instagram séduit en majorité les femmes. Elles représentent 65% de ses 700 millions d'utilisateurs. Et parmi elles, beaucoup revendiquent leur statut de mères de famille.

Dans leurs photos, les mamans Instagram font de leurs bambins les héros en culotte courte d'une vie idéale où les défis du quotidien sont magnifiés. L'#instamaman type est une femme active. Ses enfants sont beaux et bien élevés, son mari est charmant, sa maison décorée avec goût et toujours bien rangée.

Certains de ces comptes rassemblent des dizaines voire des centaines de milliers d'abonnés. Ils sont par exemple plus de 100'000 à suivre tous les jours les aventures d'Elisa Gallois, pétillante Parisienne aux commandes du compte "Et Dieu créa".

De 50 à 1000 euros l'article sponsorisé

Elisa Gallois est directrice d’un magasin à plein temps. Bien qu'elle n'en vive pas, sa renommée sur Instagram lui apporte de nombreux avantages. Ses enfants et elle multiplient les campagnes de pub et se voient offrir des produits (vêtements, voyages...) en échange de leur image.

En Suisse, Isaline Ackermann, femme au foyer, est aux manettes du compte "Thérèse and the kids", suivi par 1500 personnes. Elle dit recevoir une vingtaine de sollicitations de marques par jour. "La fourchette va de 200 à 500 francs pour un article", indique la Vaudoise.

Les budgets prévus par les marques pour rémunérer leurs "influenceurs" sont très variables. "Cela peut aller de 50 euros pour rédiger un petit article à 1000 euros l’article pour des influenceurs plus exposés", explique Estelle Schomann, créatrice d'une agence de marketing digital spécialisée dans l'univers de la famille.

Tour du monde tous frais payés

Les tarifs peuvent même grimper beaucoup plus haut. Stars mondiales du genre, les quatre membres de la Bucket List Family cumulent 1,2 million d'abonnés sur leurs comptes.

Garett, Jessica, Dorothy et Manilla Gee voyagent à plein temps et, grâce au succès immédiat de leur compte Instagram, leur tour du monde ne leur coûte plus un centime. La famille a des contrats avec plusieurs grandes marques comme Airbnb, Go Pro ou Land Rover.

Lorsqu'ils ont passé une semaine en Suisse, les globe-trotters ont collaboré avec l’Office du tourisme suisse, l’Office du tourisme d’Eigelberg, une chaîne d’hôtels et une compagnie aérienne.

Une manne pour les marques

Aujourd'hui les réseaux sociaux font intégralement partie des budgets publicitaires des marques, car le retour sur investissement est quasi immédiat.

"Dès que quelque chose est posté sur Instagram, on le voit en termes de ventes", souligne Sandra Dubreucq, directrice d'une marque de vêtements pour enfants. "Quand une blogueuse publie un post avec un short, on va avoir dans l'heure trois ou quatre ventes de plus sur ce short."

"La nouvelle génération de mamans vit avec son portable à la main; elle est inscrite sur tous ces réseaux sociaux, avec tous ces hashtags. Elle voit une image qui lui plaît, elle va sur le site et elle commande."

Delphine Gianora/ptur

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Et les enfants dans tout ça?

Les enfants participent souvent au succès de leurs parents à leur insu. Du côté de la famille "Bucket List", la petite Dorothy Gee n'a absolument pas conscience d'avoir 75'000 abonnés sur Instagram. Les gens viennent lui parler. "La semaine dernière, quelqu'un est venu lui dire: 'je t’ai vu nager'. Et Dorothy m’a demandé: 'mais comment il sait?", raconte sa mère. "C’est un peu bizarre, et on ne sait pas vraiment (...) comment cela impactera leur futur mais cela leur et nous ouvre surtout beaucoup de portes."

De son côté, la Vaudoise Isaline Ackermann affirmé s'être fixé des limites: "Je ne vais jamais montrer mes enfants en slip ou dénudés, dans des situations qui pourraient leur porter préjudice plus tard. Ce sont mes contraintes premières. Et je ne montre que le positif en principe."