Nouvelle collaboration au sommet entre Robin Foster et Dave Pen. L'Anglo-Camarétois et le chanteur d'Archive se livrent un sacré corps-à-corps sur les 12 plages de l'album « We are bodies ».
Le clair-obscur a toujours été le génie de Foster. Sur « We are bodies », la lumière perce pourtant sous les nuages de guitare-synthé mais c'est un halo froid, glacial même, qui nous rappelle parfois le « love like blood » des Killing Joke notamment. Un album spectral à la beauté sombre. Inspirés par les romans futuristes de Philip K. Dick et George Orwell, les douze morceaux, branchés sous haute tension new-wave, dépeignent une société déshumanisée, où tout est contrôlé.
Entre Dave Pen et Robin Foster, on est aussi entre « Big Brothers », mais dans le bon sens du terme, depuis cette rencontre bénite en 2010 à Quimper, à la sortie d'un concert d'Archive. Pour la première fois, la collaboration entre les deux hommes s'étire sur l'ensemble d'un projet.
Si les douze titres ont été enregistrés dans le home-studio de Robin, à Camaret, trois chants ont été captés dans la chapelle du grand séminaire de Kerfeunteun, à Quimper, en novembre 2013. Un lieu sacré, mais proche de la ruine, où le duo était venu rechercher de la réverbération. « On a aussi ramené les bruits des bus à travers les vitres brisées ».
Et puis, surtout, Dave est rentré au studio avec une crève carabinée. « Le reste de la semaine, il tournait au grog maison ». Mais la potion magique de docteur Foster a du bon. Sur « Fake Shelter » notamment, le grain enrhumé de son acolyte ricoche vers le ciel, jusqu'à tutoyer le timbre de Bono, le chanteur de U2.
Côté production, les deux acolytes n'ont pas lésiné. L'album a d'abord été mixé à Manchester par Jim Spencer, qui s'est déjà occupé de New Order ou de Johnny Marr, l'ex-guitariste des Smiths. Puis, le mastering a été réalisé dans les studios mythiques d'Abbey Road, à Londres, où il a été placé sous le haut patronage de Frank Arkwright, l'ingénieur attitré de Morrissey, entre autres.
Distribué par un label allemand, l'album est sorti en avant-première outre-rhin... où le single « Capsize » trône actuellement à la dixième place du hit-parade indépendant, devant Blur ! En France, aussi, le bouche-à-oreille est prometteur. En attendant la sortie anglaise le 25 avril. Un vrai événement pour l'exilé camarétois. « Jamais, depuis que j'ai posé mes valises à Brest, il y a quinze ans, je n'avais réussi à être distribué là-bas ».
Comme quoi, tout arrive pour cet apatride du rock né à Kendal, dans la région des lacs anglais. Il reste maintenant au binôme à aller défendre ce nouveau projet sur scène. Pas simple. Archive est, en effet, engagé dans une tournée européenne à rallonge qui fera notamment étape à Carhaix cet été. « We are bodies » va devoir jouer des coudes.
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